P. SYLVAIN URFER, le "curé des pauvres", préconise une véritable politique de logement social pour la prochaine législature.
Midi : Qu?est-ce que le commun des électeurs doit attendre du futur président ?
P. Sylvain Urfer : Eh bien, qu?il remplisse ses fonctions de président, c?est-à-dire de représentant élu de la population en charge du bien commun dans les limites indiquées par la Constitution et la loi. Ensuite, il devra renforcer la démocratie réelle pour que tous soient égaux devant la loi. Enfin, il devra mener des actions ayant des impacts positifs directs pour la population et non se contenter des infrastructures et d?actions trop visibles.
Midi : Quelles sont d?après vous les 3 actions prioritaires pour sortir du cycle de pauvreté ?
P.S.U. : Premièrement, relever le niveau de vie pour que la population dispose d?un pouvoir d?achat plus important. Cela passe par la revalorisation du salaire minimum qui devrait être augmenté de 10% par an pendant dix ans. Même chose pour le monde paysan où les prix des produits agricoles devraient augmenter de 5% par an. Cela va permettre la création d?un véritable marché intérieur car nous sommes trop dépendants des produits d?exportation. Enfin, je préconise une véritable politique de logement social non seulement pour la classe moyenne mais aussi pour les pauvres. Ceci est relatif aux problèmes fonciers qu?il faudra résoudre. En tout cas, la construction est une activité génératrice d?emplois et d?autres richesses.
Midi : Depuis 5 ans, avez- vous constaté ou non des améliorations dans la vie des pauvres ?
P.S.U. : Non ! Les infrastructures, oui. Mais pour les pauvres, non ! Ils sont victimes de la stagnation des revenus, de l?inflation galopante et des faibles revenus des ménages urbains et paysans. Les infrastructures sont plutôt faites pour l?économie et elles n?ont pas une incidence directe sur le niveau de vie. Il faut aussi que la santé et l?éducation soient plus accessibles au plus grand nombre à un niveau de qualité suffisant car il ne suffit pas de créer des Csb et des écoles si le personnel n?est pas qualifié. S?agissant du nombre des pauvres, étant donné la croissance démographique rapide de la population, ils sont mécaniquement plus nombreux !
Midi : Quelle est votre vision du futur partenariat Eglise- Etat?
P.S.U.: Il est impératif de revenir à une laïcité adaptée à Madagascar respectant la séparation de l?Eglise et de l?Etat. Dans le futur, les églises, ce qu?on appelle «sectes», et les représentants de l?islam malgache doivent se mettre d?accord sur le rôle spécifique de chacun et ensuite déterminer les domaines dans lesquels ils peuvent travailler ensemble. Il leur faudra également mettre au clair un mode de travail pour que toutes les préférences soient prises en compte. Pour cela, il faudra une sorte de loi- cadre puisque le partenariat actuellement en vigueur a débouché sur une très grande ambiguïté. Les règles du jeu ne sont pas claires. L?Etat a donné de l?argent, il a financé des lieux de cultes, des églises ou sectes ont été fermées. Je me pose la question pourquoi ceux- là et non d?autres ?
Midi : Avez- vous un pronostic lors de ce scrutin ?
P.S.U.: Tout semble indiquer que le président sortant serait reconduit. Par contre, je n?exclus pas un second tour. Cela n?enlève en rien sur les questions de fond que j?ai relevées.